5 avril 2018

Épisode 1 : Oops, il y a un problème...

Coucou les urgences !
urgences hospitalisation chronologie

Pre-sequel

Fatigue

Pfff… fatigué. L’année 2018 vient à peine de commencer et je suis de plus en plus fatigué. Heureusement, les vacances approchent, une petite semaine :

bref, un peu de calme. De quoi me reposer et enfin récupérer mon énergie et mon pep’s habituel.

Vacances !

Et voila, on y est ! Les vacances et cerise sur le gateau : je termine la journée en gagnant une bataille de « s’pas ma faute mais la tienne » avec le client !

Tout content, je me prépare pour aller à mon entrainement de kickboxing. L’entrainement du vendredi est découpé en deux parties, une première heure de « renforcement musculaire » puis une seconde 100% boxe. Mais ce soir, il y a un problème. J’ai l’impression d’avoir pris 50 ans d’un coup. Enchaîner les exercices me demande une force colossale, je suis essouflé au moindre enchaînement de coup de pieds. Peiner à ce poing (humour, je précise) n’est pas dans mon habitude et j’abandonne avant la fin, pas d’assauts pour moi ce soir. Sur la route du retour, la conclusion est toute faite : j’ai vraiment besoin de vacances.

Je profite donc des premiers jours de la semaine pour glander me reposer. Les effets de la décompression et du relachement ne tardent pas :

Je prends mon mal en patience et j’me dis que ça finir par passer, l’essentiel étant de laisser un peu de temps au corps pour encaisser.

Séjour au ski

  Du snowboard, de l’air, tout ce qu’il faut pour achever ma phase de repos.

3 jours de ski et environ 60km de descente plus tard, je suis toujours aussi fatigué, j’ai même du mal à descendre les pistes d’une traîte, le cardio ne suit plus du tout. Et ce n’est pas tout, les repas sont difficilement digestes, j’ai des maux de ventre atroces et les passages aux toilettes ne sont pas des plus agréables. Finalement, il n’est pas impossible que je couve quelque chose.

La dernière soirée est horrible, je n’arrive pas à manger et l’envie de vomir est très forte, trop forte. Je finis la tête dans les toilettes et tout fini par remonter. C’est les chutes du Niagara là-dedans, le flux est impressionant mais ce n’est pas tout, la couleur est encore plus troublante : noir charbon, style « Coca-Cola » concentré. Oops, je commence à penser qu’il y définitivement un problème. La suite de la soirée n’est pas des plus agréable : tu reprendras un peu nausée ou tu prèfères avoir mal partout ?

Le lendemain, tant bien que mal, je conduit sur la route du retour à la maison. 2h qui finalement passent plutôt bien.

Sequel

15

En arrivant à la maison, la fatigue revient à la charge, conduire m’a totalement épuisé. Quand j’arrive, tout le monde me trouve très palo et fatigué. Après m’être posé quelques instants, nous jugeons que la situation mérite un éclaircissement assez rapide et je passe un coup de bigot au 15.

Après 20 minutes d’attente (appeler le 15, un samedi de vacances, quelle idée aussi), J’ai un médecin au bout des ondes. Je lui expose la situation :

Fatigue blablabla blablabla sport difficile blablablabla vomissement blablabla couleur bizarre blablabla

Au fil de la discussion, il me demande de décrire mes dernières selles. Ça fait tilt et je me dis : « Tiens c’est vrai, elles étaient vraiment bizarres dernièrement ». Je lui expose alors mes observations : « Depuis 2-3 jours, mes selles sont très noires, comme du charbon ». C’est acté, il y a bien quelque chose qui tourne par rond. Moralité : quand votre merde et votre vomi ont la même couleur, il faut consulter.

Au téléphone, le médecin m’annonce donc que je suis entrain de saigner de l’intérieur et que mon vomi goudron et mes selles charbon contiennent du sang digéré. Il me raconte alors une anectode :

Une chose similaire est arrivée à un membre de ma famille, il travaillait dans un hôpital, a fait un ulcère qui a dégénéré et a provoqué une hémorragie interne. Il n’est pas allé aux urgences et il est mort dans la nuit.

OOOKKKKKKK, ambiance OVTM (On Va Tous Mourir). J’emballe rapidement quelques affaires, je prends les clés de la voiture, cassos aux urgences.

Urgences de Pont de Beauvoisin (ISÈRE !)

Embarquement à destination de la salle de soins

Après 20 minutes de route, arrivée aux urgences de Pont de Beauvoisin, la salle d’attente est bien remplie. Je suis rapidement enregistré puis l’attente commence et c’est assez long… Entre temps, un sombre connard pointe son nez, accompagné de sa femme et sa toute petite fille. Bien bourré, il s’est battu et ne trouve rien de mieux à faire que de s’ouvrir une bière dans la salle d’attente de l’hôpital, bonjour la classe (et encore je vous passe l’épisode de machisme ordinaire ou il traîte sa femme comme une merde).

Finalement on m’appelle, je me défroque, j’enfile la blouse de patient et c’est parti pour la prise de sang. Dès que c’est terminé, on m’aligne avec les autres patients dans le couloir (qui est déjà bien rempli). Je vous raconte pas (en fait si) l’ambiance : on est tous aligné les un contre les autres dans le couloir, dès qu’un brancard est déplacé ça tourne à la session d’auto-tamponneuse signé « fête du village ».

À partir de là, je sens que ça va être long, très long. J’attends une paire d’heures et une médecin arrive avec les analyses de sang. J’ai un taux d’hémoglobine à 7 g/dL, la norme pour une personne de mon âge c’est entre 12 et 15, autant vous dire que j’ai perdu un paquet de sang (une grosse anémie qui explique la fatigue). Il y a donc quelque part dans mon oesophage, une plaie qui saigne, depuis au moins quelques jours. La médecin m’annonce la suite

Et paf, j’ai le droit au double combo, un catheter dans chaque bras (un pour l’IPP et un autre pour le sang en plus, sur celui de droite, j’avais un super mécanisme a trois vanne qui me prennait 80% de mon avant bras :thumbup:). Ça va être super fun de dormir avec ça.

Parenthèse géographique

La commune de Pont de Beauvoisin est à cheval sur deux département, Isère et Savoie. Et là, vous allez me dire, « tout le monde s’en fout » et je vais vous répondre « non ». Pourquoi ? Parce que c’est la première question que m’a posé mon père au téléphone (en attendant le sang pour la transfusion). Soyons indulgents, on va dire que c’est sa façon à lui de dédramatiser la situation. Ah et j’allais oublier l’information la plus importante : l’hôpital est en Isère.

Fin de journée

Je finis par repasser en salle de soins pour la transfusion et l’injection de l’IPP. J’apprends également que je serai transféré le lendemain à l’hôpital de Chambéry pour une fibroscopie (passage d’une caméra par l’oesophage pour aller voir ce qu’il s’y passe). Bien sûr, il faut être à jeûn pour l’opération, la bouffe pour ce soir, c’est rapé…

En plus, la nuit s’annonce T O P I S S I M E :

Je fais avec, mais la nuit est vraiment à chier. Entre le confort merdique du brancard, la lumière de la salle de soins jamais vraiment éteinte, et les “bipbip bip bipbip” des machines de contrôle et pour finir les rondes des infirmières, RIP mon sommeil en espérant que demain sera mieux.

Après les premières rondes du matin, un médecin passe et m’explique à nouveau que je vais être transféré à Chambéry, en urgence, pour la fibroscopie (on est dimanche).

H É L I C O !

Dans la matinée, toute contente, une infirmière arrive en me disant

On prépare vos affaires, vous partez en hélico !

Heu, what ? oui, heu ok… (j’ai appris plus tard dans la journée que c’était pour éviter les bouchons sur Chambéry). Difficilement, j’emballe mes affaires et j’attends l’arrivée du SMUR en prévenant quelques proches de mon futur décollage.

Le SMUR arrive, je suis pris en charge par deux femmes (une médecin et une infirmière, à priori) toutes les deux très sympas. On m’attache solidement au brancard et je suis transporté jusqu’a l’hélico et heureusement que je ne suis pas claustrophobe parce que c’est rikiki l’espace disponible dans un tel engin.

On décolle, la seule chose que je vois c’est le plafond de l’hélico, à l’intérieur, même avec le casque ça fait un bruit d’enfer. 20 minutes plus tard, nous arrivons à Chambéry, en ayant survolé le lac du Bourget (d’après la femme infirmière)

Petit séjour à l’UHCD

Mon séjour aux urgences de Chambéry commence par une LONGUE attente dans le sas d’accueil (toujours sur un brancard, bonjour le confort). L’infirmière qui me prend en charge regarde les J.O (ça vous situe dans le temps) en trifouillant différentes choses à droite à gauche. La seule petite animation de ce début d’après midi c’est un pauvre infimier qui court après la chaussure d’un patient dans tous les sens.

Fibroscopie

Un brancardier arrive, ayé, c’est mon tour, je pars pour la salle d’opération. Avant, je passe par un sas d’attente ou je croise très rapidement l’anesthésiste pour les questions habituelles (allergies, fumette, bibine…). Quelques minutes après, je suis conduit dans la salle. Tout le monde arrive et se met en place (déplacement en astreinte pour toute l’équipe, désolé pour votre dimanche après-midi). L’anesthésiste me pose le masque à oxygène. Elle m’annonce qu’elle ne va pas tarder à injecter le produit et que ça va piquer et effectivement, ça pique et je ne suis plus là.

Pouf, de la lumière. Je suis en salle de réveil. Elle est vide, normal on est dimanche. L’infirmier présent arrive rapidement vers moi au moment du réveil il est super sympa et me demande comment je me sens. Bon, je vous le cache pas c’est pas la folie dans le stade mais ça reste supportable.

Il faut croire que j’ai de la chance, le gastro-entérologue passe me voir quelques minutes après mon réveil. Il m’explique que

A ce stade, j’ai quelque chose mais je sais pas encore quoi. C’est flippant.

Ma remontée en chambre se prépare, comme d’habitude, plus de place en gastro-entéro. Exceptionnellement, et je repars aux urgences, à l’UHCD (Unité d’Hospitalisation de Courte Durée). Et là, j’suis content. La chambre est : T O P. Elle est grande, propre et je suis tout seul, je savoure ce paradis et la nuit est presque bonne (au rythme des douleurs et des rondes des infimères). J’ai également le droit à un délicieux repas d’hôpital. Je dis délicieux parce que quand ça fait 48h que t’as rien bouffé, la bouffe de l’hosto c’est proche du restaurant de luxe bas de gamme.

Sang compter sur le fer

Le lendemain, après une prise de sang matinale, on m’annonce qu’il va falloir me transfuser à nouveau. Même si les taux sont remontés, ça sera plus facile pour mon corps de remonter la pente avec un peu plus d’hémoglobine. À cela s’ajoute une perf’ de fer (l’anémie cause souvent une carence en fer).

Si mes souvenirs sont bons, on commence par le sang, sur le bras droit. Je suis jeune, donc on peut se permettre de m’envoyer la grosse purée dans les veines en tout cas c’est ce que pense l’infirmier jusqu’a ce que je commence à bien douiller. Ça reste relativement tolérable donc j’encaisse les deux nouveaux litres (ce qui fait donc 4, au total) de sang en demandant gentillement (ou pas) à ma douleur d’aller se faire mettre.

Sans attendre, on passe à la perfusion de fer. Très rapidement la douleur est maximale. L’acidité élévé de la solution arrache les veines, l’irritation les rends chaudes et très très sensibles. La taille de la poche étant relativement grande, la prochaine heure s’annonce attroce. Au bout de 30 minutes, la zone est rouge comme la salopette de Mario. Ça signifie que la solution injectée n’est pas correctement assimilée par le circuit sanguin, à cause d’un trop plein de la veine. Dans le jargon médical, on dit que le cathéter « diffuse ». L’infirmier arrive, il constate qu’effectivement c’est rouge, mais je suis aux urgences, donc déplacer un cathéter : dans tes rêves. Il m’explique à nouveau que le fer ça fait mal et qu’il faut encaisser. Bien sur il tripote mon bras dans tous les sens en appuyant sur le cathéter et la veine et le bras pour finir par me dire :

Le fer passe bien là, ça ne diffuse pas !

Moi, je suis à moitié entrain de chialer parce que j’ai rarement eu aussi mal de ma vie (pour vous donner une idée, une fracture à côté, c’est du pipi de chat). Je lui dis alors de balancer la sauce et d’envoyer le restant à pleine vitesse histoire de souffir le moins longtemps possible.

Après l’effort, le réconfort, la perfusion de fer est terminée. La médecin passe me voir pour me dire que mon état est stable et que les résultats sanguins sont plutôt bons. En plus, elle m’annonce que je sors D E M A I N ! (OUIIII ! ENFIN !) ! J’ai l’avant bras droit explosé mais au moins c’est fini. On me laisse tranquille. Le soir j’ai même le droit à des sushis rammenés par mes proches (merci pour le service, qualité irréprochable). Malgré la douleur au bras droit, ce merveilleux repas me permet de laisser derrière moi cette journée particulièrement moisie. Mais.

« Les urgences, c’est la guerre »

Les différentes perfusions de la journée ont laissé une énorme plaque rouge sur mon bras. La chaleur qui s’en dégage est hallucinante, c’est aussi extrèmement douloureux. La seul chose que je peux faire c’est appeler l’infirmière. Elle tarde un peu, c’est l’infirmière du service de nuit, je la remets rapidement, mes permiers échanges avec elle ne m’avait pas laissé une bonne impression. Je lui expose calmement mon état et mes douleurs. Elle est loin d’être réceptive. À partir de ce moment, je vais commencer à m’énerver sourtout parce qu’elle se perd dans explications pseudo médicales douteuses. Pour résumer : elle me dit qu’il lui faut une presciption médicale pour retirer un cathéter mais qu’elle veut bien me retirer maintenant celui qui ne fait pas mal (fuck la logique). Elle finit ses explications en me disant que de toutes façons elle pas le temps de s’en occuper (ok, merci, j’avais déjà arrêté d’écouter son barratin). J’essaye de me calmer et je me lève pour aller me dégourdir les jambes dans le service. Par hasard (ou pas), je croise le médecin qui est passé dans l’après midi, elle est en fin de service et nous l’interpellons pour discuter rapidement avec elle. Je finis par lui montrer mon bras et c’est à ce moment cocasse que l’infimière pointe le bout de son nez. Elle est dans une position très défensive en expliquant pourquoi elle a refusée de me retirer le cathé. La médecin coupe cours à son discours en lui expliquant que

Pour être bien claire, elle lui donne explicitement l’ordre de me retirer le cathéter dans la soirée (Pfouaaa, le soulagement !).

Cette bonne nouvelle me remonte le moral, je retourne dans ma chambre. L’idée d’une nuit plus paisible et d’une aiguille en moins dans mon corps me rend heureux. Une petite heure après la bataille, l’infirmière passe pour me retirer le cathéter, elle fait une sale gueule, tant pis pour elle, moi au moins, je pourrais dormir. Malgré tout, je la remercie chaudement.

Pour sa défense (quand même), je vois bien que les infimières sont les personnes les plus stressées dans les services (surtout les urgences). En effet, c’est sur elle que repose quantité de petites choses qui génèrent une charge mentale très (trop ?) importante et je n’ai aucune rancoeur à leur égard.

Post-sequel

Étant donné que je n’ai plus qu’un seul cathéter et qu’en plus il est débranché, je passe une nuit tout à fait honorable (en dépit du voisin de chambre très bruyant). Le matin, je déjeune, je range mes affaires, la secrétaire passe me voir pour organiser ma sortie et nous décidons d’appeler un taxi. Juste avant de partir, on me retire le dernier cathéter :

LIBÉRÉ, DÉLIVRÉ !

J’attends le taxi dans le hall. Le chauffeur met du temps à me reconnaître, bah oui, comprenez bien qu’un monsieur avec une « barbe » dans un hôpital, c’est forcément un vieux…

Le trajet est plutôt drôle. Le taxi me raconte un tas d’histoires assez loufoques (SPOILER : ça parle surtout de thunes, et de voyages il faut bien qu’il s’affiche un peu). Ironie du sort, au fil de la discussion, il me dit que pour les jeunes comme moi, « les states c’est fait pour vous ». À peine sorti de l’hôpital, je m’imagine malade, au states et sans couverture sociale : UNE IDÉE MERVEILLEUSE !

Je rentre alors enfin chez moi, des questions plein la tête :

En attendant les réponses de la consultation du 8 mars, je peux espérer (enfin !), un peu de repos.

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